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Le Vingtième Siècle

Les générations, de plus en plus débilitées par le travail cérébral excessif, par le surmenage intellectuel imposé par les circonstances, surmenage auquel personne ne pouvait se soustraire, ont bientôt cessé la lutte ; elles ont renoncé à ce contrepoids si nécessaire des exercices corporels, et se sont laissé abattre peu à peu par l’anémie et coucher l’une après l’autre sur le champ de bataille, épuisées avant l’âge.

Les médecins, effrayés par cette dégénérescence impossible à enrayer, ont, il est vrai, lorsqu’il a fallu renoncer à la lutte par les exercices physiques, essayé d’un autre moyen et tenté quelques essais de reconstitution des races trop affinées par des croisements intelligents, unissant quelques fils de cérébraux usés à de solides campagnardes découvertes à grand’peine au fond de quelque village écarté, ou quelques pâles et frêles descendantes d’ultra-civilisés à de grossiers portefaix nègres sachant à peine lire et écrire, cueillis dans les ports du Congo ou des lacs africains.


On rêve affaires.

Mais, pour que ces tentatives de reconstitution eussent quelque action sur l’avenir de la race, il faudrait l’ingérence de l’État et une réglementation obligatoire des mariages. Une reconstitution imposée par décret, entreprise en grand et poursuivie avec méthode pendant plusieurs générations donnerait certainement de bons résultats ; par malheur, les circonstances politiques n’ont point, malgré l’urgence, permis jusqu’ici au gouvernement d’entrer courageusement dans cette voie et d’assumer ces nouvelles responsabilités.

Nous ne sommes pas mûrs pour cette idée, nous admettons qu’un gouvernement dispose à son gré de l’existence des citoyens et sème par le monde les cadavres des gouvernés, nous ne concevons pas encore un gouvernement véritablement père de famille, se préoccupant, au contraire, des hommes à naître et songeant à leur assurer par de sages mesures, autant que possible, un organisme sain et robuste.