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Le Vingtième Siècle

l’avis de son grand homme de mari… pour la première fois.

Il fallut quatre ou cinq mois de luttes intestines assez violentes et de combats renouvelés chaque jour pour amener M. Philox Lorris à abandonner Mlles Bardoz et Coupard, de la Sarthe, et à consentir enfin au Voyage de fiançailles.

Le Voyage de fiançailles, sage coutume que nos aïeux n’ont pas connue, a remplacé, depuis une trentaine d’années, le voyage de noces d’autrefois. Ce voyage de noces, entrepris par les jeunes mariés de jadis après la cérémonie et le repas traditionnels, ne pouvait servir à rien d’utile. Il venait trop tard. Si les jeunes époux, tout à l’heure presque inconnus l’un à l’autre, découvraient après la noce, dans ce long et fatigant tête-à-tête du voyage, qu’ils s’étaient illusionnés mutuellement et que leurs goûts, leurs idées, leurs caractères vrais ne concordaient qu’imparfaitement, il n’y avait nul remède à ce douloureux malentendu, nul autre que le divorce, et, quand on ne se décidait pas à recourir à cette amputation qui ne pouvait se faire sans douleur ou tout au moins sans dérangement, il fallait se résigner à porter toute la vie la lourde chaîne des forçats du mariage.


fiancés partant pour le voyage de fiançailles.

Aujourd’hui, quand un mariage est décidé, quand tout est arrangé, contrat préparé, mais non signé, les futurs, après un petit lunch réunissant seulement les plus proches parents, partent pour ce qu’on appelle le Voyage de fiançailles, accompagnés seulement d’un oncle ou d’un ami de bonne volonté. Ils vont, libres de toute crainte, avec leur mentor