Page:Robida - Le Vingtième siècle - la vie électrique, 1893.djvu/39

Cette page a été validée par deux contributeurs.
23
Le Vingtième Siècle

de Lauterbrunnen, sur le côté du phare, à 1,000 mètres au-dessus de la belle vallée, juste en face de la cascade du Staubach. Ingénieur d’un certain mérite et fonctionnaire consciencieux, M. Lacombe était fort occupé. Toutes ses journées et souvent ses soirées étaient prises par ses tournées d’inspection, ses rapports, ses surveillances de travaux aux phares de sa région. Mme Lacombe, Parisienne de naissance, assez mondaine avant son mariage, se considérait comme en exil dans ce magnifique site de Lauterbrunnen-Station, où s’était fondé, à 1,000 mètres au-dessus de l’ancien Lauterbrunnen, un village neuf, avec annexe aérienne pour les cures d’air, c’est-à-dire un casino ascendant à 700 ou 800 mètres plus haut l’après-midi et redescendant ensuite après le coucher du soleil.


grettly est depuis deux heures la tête sous un châle dans un coin.

À Lauterbrunnen-Station, pendant l’été, dans ce chalet suspendu comme un balcon au flanc de la montagne, l’hiver dans un chalet aussi confortable en bas, à Interlaken, Mme Lacombe s’ennuyait et regrettait l’immense et tumultueux Paris.

Pourtant, les distractions ne manquaient pas. Il passait chaque jour un nombre considérable d’aéronefs ou de yachts ; le véloce aérien London-Roma-Cairo, passant quatre fois par vingt-quatre heures, déposait toujours quelques voyageurs faisant leur petit tour d’Europe ; de plus, le casino aérien de Lauterbrunnen, très fréquenté pendant les mois d’été, donnait chaque semaine à ses malades une grande fête et chaque soir un concert ou une représentation dramatique par Télé. Mme Lacombe s’ennuyait cependant et saisissait toutes les occasions et prétextes possibles pour reprendre l’air de son cher Paris.

Fatiguée de ne participer que par Télé aux petites réunions chez ses amies restées Parisiennes, elle prenait, de temps en temps, le train du tube électro-pneumatique ou le véloce aérien pour se retrouver une après-midi dans le mouvement mondain, pour se montrer à quelques six o’clock