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Le Vingtième Siècle

fauteuil. Il l’avait reconnue tout de suite, malgré les années, malgré les changements apportés par l’âge : c’était la femme de son rêve, toujours la même, l’éternelle ennemie, Elle enfin, Mme des Marettes !

Elle était blonde jadis, elle était plus svelte, plus souriante ; n’importe, il la reconnaissait d’instinct, après les trente-deux années d’absence, dans la majestueuse dame, un peu épaissie, à l’expression un peu alourdie mais toujours dominatrice, qui était devant lui.


m. arsène des marettes composant son grand ouvrage.

« Eh bien ! oui, cher monsieur des Marettes, c’est moi, dit la dame ; vous voyez que j’ai bon caractère, c’est moi qui reviens la première, en laissant de côté mes légitimes griefs ; le moment est venu d’oublier nos légers dissentiments de l’autre jour… »

L’autre jour, c’était trente-deux ans auparavant. M. des Marettes le pensa, mais il n’eut pas la force de le faire remarquer.

« Je suis heureuse de voir votre émotion à ma vue, mon ami, continua la dame, cette émotion prouve en faveur de votre cœur… Je vois que vous ne m’avez pas oubliée tout à fait, n’est-ce pas ?

— Oh ! non, murmura M. des Marettes.

— Quel long malentendu et quelle douloureuse erreur fut la vôtre !… mais je suppose que dans la solitude vous vous êtes amélioré… »

M. des Marettes soupira.

« J’espère que vous avez fini par reconnaître vos torts, mon ami, n’en