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Le Vingtième Siècle

nieux et invisibles appareils photo-phonographiques qui rendent, en certains cas, la surveillance si facile.

C’est ainsi que, peu à peu, il en vint à courir trois ou quatre fois par jour au Télé de la station de Kerloch, à prendre communication avec l’hôtel de la tragédienne-medium ou avec sa loge et même à passer là-bas une partie de ses soirées à suivre les représentations de Molière-Palace. Pendant ce temps, La Héronnière restait un peu abandonné, mais Estelle et Grettly étaient là pour veiller sur le malade.

Un soir que tout le monde, moins Sulfatin, était réuni dans la grande salle de l’auberge de Kerloch, où quelques joyeux photo-peintres déroulaient leurs théories sur l’art, agrémentées de plaisanteries, La Héronnière, qui semblait plongé depuis longtemps dans un laborieux et douloureux travail de réflexion, se frappa le front tout à coup et gloussa dans l’oreille de Georges :

« J’y suis ! je devine pourquoi le docteur Sulfatin, ayant pour instructions précises d’amener, par n’importe quels moyens, une brouille entre vous et votre fiancée, laisse complètement de côté ses instructions… Il est déjà le second de Philox Lorris ; eh bien ! en vous écartant… ou plutôt en vous aidant à vous écarter vous-même des laboratoires et des grandes affaires… pas votre goût, hein ! les grandes affaires… il a… qu’est-ce que je disais ? je ne me rappelle plus… ah ! oui… il a l’espoir… il compte rester le seul successeur possible de Philox Lorris… Combinaison très canaille… mais habile… Hein ! avez-vous compris ? Voilà ! »

La Héronnière n’en pouvait plus après cet effort du cerveau, un violent mal de tête le terrassait. Grettly le conduisit coucher avec une tasse de camomille.


« j’y suis !… je devine !… »