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sière dans le gosier, je vais le rincer avec une bonne lampée, avant de continuer…

Colombe ahurie regardait les flacons et cherchait à comprendre.
— Ce vin est mirifique.
Aucune explication ne lui venait. Étrange ! étrange ! ce Grand-Puits qui contenait des flacons de vieux vin.

— Ça te fera mal, Antoine, ne bois pas ! s’écria-t-elle enfin, du vin des fées, ça doit être du vin diabolique…

— Du bon, du très bon, au contraire, et je me sens tout ragaillardi… dit Antoine faisant claquer sa langue ; passe une autre bouteille que je goûte seulement s’il est pareil… Du vin des fées ? ne dis donc pas ça, les fées n’ont pas de caves et ne boivent pas de vin, puisqu’il n’y a pas de fées !

— Tu ne crois à rien !

— Je croirais plutôt que c’est une réserve du gouverneur Wisigoth.….

— Ou de dame Carcas…

— Possible ! mais ce vin est mirifique… Ce n’est pas étonnant. Voyons, combien ça fait-il de siècles depuis le départ des Wisigoths ? Encore une petite gorgée….

Cassagnol fit claquer sa langue.

— Jamais, non, jamais je n’ai rien bu de pareil ! Ça tombe bien, j’avais besoin de ça pour me redonner du ton après tant de journées fatigantes… Ah, je ne l’ai pas volé… Goûtes-y donc, il est mirifique, je te dis… Je me sens bien en train maintenant, j’ai du soleil plein la tête et le sang me travaille