et babil, bigamie et bigarreau, théière et théisme, sonnet et sonnette, savant et savate.
On me dira, sans doute, qu’il existe des dictionnaires de synonymes, où les mots sont, non pas classés, mais groupés selon leur signification. Je suis loin de contester l’utilité de ces dictionnaires ; je les crois très-propres à former le jugement et le goût du littérateur en lui faisant connaître la valeur précise des équivalents ; mais là se borne le service qu’ils lui rendent. Ils ne lui donnent à chaque article qu’un très-petit nombre de mots convergeant vers la même idée. Ainsi, dans le plus récent et, à ce que je crois, l’un des meilleurs de ces ouvrages[1] je trouve comme équivalents de courage : Cœur, valeur, vaillance, bravoure, intrépidité et hardiesse. Mais je n’y trouve pas : Audace, confiance, assurance, mépris du danger, énergie, virilité, nerf, force d’âme, fermeté, résolution, prouesse, héroïsme, chevalerie, exploit, haut fait, héros, héroïne, vaillantise ; parce que ces mots, bien qu’ils aient rapport à l’idée de courage, ne peuvent être regardés comme de véritables synonymes.
Je n’y trouve pas non plus, groupés dans le même article, les verbes : Oser, faire face, tenir tête, mépriser, braver, affronter, défier, se risquer, encourager, enhardir, rassurer, ranimer ;
Ni les adjectifs : Courageux, brave, vaillant, valeureux, intrépide, audacieux, hardi, assuré, fort, déterminé, généreux, hasardeux, osé, preux, résolu, mâle, ferme, indomptable, indompté, fier, etc., etc.
Ni enfin les phrases consacrées, comme : Affronter les périls, les dangers, les hasards, la mort ; payer de sa personne ; ne pas marchander sa vie ; attaquer le taureau par les cornes, etc., etc.[2].
C’est qu’en effet ces développements d’une idée génératrice ne sont pas du domaine d’un Dictionnaire de synonymes, et ne peuvent trouver place que dans un ouvrage spécial.
La communication de nos pensées par le moyen du langage constitue un art qui ne s’acquiert que par une pratique longue et persévérante. Il est, à la vérité, quelques personnes qui possèdent une facilité d’élocution pour ainsi dire intuitive ; mais il n’est pas donné même à ces personnes de rencontrer infailliblement, en toutes circonstances, des termes précis pour donner un corps aux diverses séries d’idées qui leur passent par l’esprit, ou pour dépeindre sous leurs véritables couleurs et dans leurs justes proportions les nuances délicates et variées des sentiments qui les animent. Que dirons-nous donc de ceux qui n’ont pas pratiqué l’art de la