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où les convois s’assembloient, & je reconnus que partout les mêmes facilités subsistoient pour agir offensivement. J’en fis des mémoires détaillés, que je fis passer à M. de Sartine.

Je revins ensuite à Londres veiller à la correspondance. J’y fus malade pendant environ un mois, vraisemblablement des fatigues que j’avois essuyées depuis une année. C’est dans cette tournée que j’eus occasion de rendre à M.…, Officier de Marine, le service suivant.

Il avoit été envoyé en Angleterre par M. de Sartine pour une opération secrète. Il fut reconnu à Plimouth par des personnes qui l’avoient vu prisonnier pendant la dernière guerre. On le fit suivre jusque dans un autre port où il se rendit. Pendant qu’il étoit à faire sa reconnoissance, il s’apperçut qu’on l’examinoit, il voulut se retirer ; il entendit qu’on disoit alors : c’est un espion françois ; il est Officier de Marine. Il rentra dans l’auberge où il avoit mis pied à terre, & se retira dans sa chambre ; la populace s’avança, criant tout haut : c’est un espion ; il faut l’arrêter & le faire pendre.

L’aubergiste ne voulut jamais consentir qu’on entrât dans sa maison pour y arrêter un étranger ; il fallut des ordres supérieurs. Cela prit du temps ; à minuit il étoit encore libre. J’arrivai