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Quand je dus partir pour aller à mon Roi, il me fut dit par une voix : « Va hardiment, quand tu seras devers le Roi, il aura bon signe de te recevoir et de te croire. »

La Fontaine. — Quand le signe vint à votre Roi, quelle révérence lui fîtes-vous ? et vint-il de par Dieu ?

Jeanne. — Je remerciai Notre-Seigneur de ce qu’il me délivrait de la peine qui me venait des clercs de mon parti qui arguaient contre moi, et je m’agenouillai plusieurs fois. Un ange, de par Dieu et non de par autre, bailla le signe à mon Roi, et j’en remerciai moult de fois Notre-Seigneur. Les clercs de mon parti cessèrent de m’arguer quand ils eurent su ledit signe.

La Fontaine. — Est-ce que les gens d’église de ce parti virent le signe dessus dit ?

Jeanne. — Quand mon Roi et ceux qui étaient avec lui eurent vu ledit signe, et même l’ange qui le bailla, je demandai à mon Roi s’il était content : et il répondit que oui. Alors je partis et je m’en allai en une petite chapelle assez près, et j’ouïs lors dire qu’après mon départ, plus de trois cents personnes virent ledit signe. Par l’amour de moi, et pour qu’ils cessassent de m’interroger, Dieu voulut permettre que ceux de mon parti qui virent ledit signe le vissent.

La Fontaine. — Votre Roi et vous ne fîtes-vous point de révérence à l’ange, quand il apporta le signe ?

Jeanne. — Pour moi, oui. Je m’agenouillai et ôtai mon chapeau.


II


Le lundi 12 mars, dans la prison de Jeanne.

L’Évêque. — Nous requérons Jeanne de dire vérité sur ce qu’on lui demandera.

Jeanne. — De ce qui touchera votre procès, comme autrefois vous ai dit, je dirai volontiers vérité. Je le jure.