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jusques à mi-chemin. Et alors les Anglais, qui là étaient, coupèrent les chemins à moi et à mes gens, entre moi et le boulevard. Et pour cela, mes gens se retirèrent. Et moi, en me retirant dans les champs de côté, vers la Picardie, près du boulevard, je fus prise. Et était la rivière entre Compiègne et le lieu où je fus prise, et n’y avait seulement, entre le lieu où je fus prise et Compiègne, que la rivière, le boulevard et le fossé dudit boulevard.

La Fontaine. — En l’étendard que vous portiez, est-ce que le monde est peint, et deux anges, et cætera ?

Jeanne. — Oui. Oncques n’en eus qu’un.

La Fontaine. — Quelle signifiance était-ce de peindre Dieu tenant le monde, et deux anges ?

Jeanne. — Sainte Catherine et sainte Marguerite me dirent de prendre hardiment cet étendard, et de le porter hardiment, et de faire mettre en peinture là le Roi du ciel. Je dis cela à mon Roi, mais bien contre mon gré. Et de la signifiance je ne sais rien autre.

La Fontaine. — Aviez-vous point écu et armes ?

Jeanne. — Je n’en eus oncques point. Mais mon Roi donna à mes frères des armes, c’est à savoir un écu d’azur, deux fleurs de lis d’or et une épée au milieu. En cette ville, j’ai décrit ces armes à un peintre, parce qu’il m’avait demandé quelles armes j’avais. Elles furent données par mon Roi à mes frères, à la plaisance d’eux, sans requête de moi, et sans révélation.

La Fontaine. — Aviez-vous un cheval, quand vous fûtes prise, coursier ou haquenée ?

Jeanne. — J’étais à cheval, et c’était un demi-coursier, celui sur qui j’étais quand je fus prise.

La Fontaine. — Qui vous avait donné ce cheval ?

Jeanne. — Mon Roi ou mes gens me le donnèrent sur l’argent du Roi ; et j’avais cinq coursiers sur l’argent du Roi, sans les trottiers qui étaient plus de sept.