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et je lui dis : Approchez hardiment, je ne m’envolerai pas.

L’Évêque. — Avez-vous point vu ou fait faire aucunes images ou peintures de vous et à votre semblance ?

Jeanne. — Je vis à Arras une peinture en la main d’un Écossais, et y avait la semblance de moi toute armée ; et je présentais une lettre à mon Roi, et étais agenouillée d’un genou. Oncques ne vis ni fis faire autre image ou peinture à ma semblance.

L’Évêque. — Chez votre hôte, à Orléans, n’y avait-il point un tableau, où il y avait trois femmes peintes, et écrit : Justice, Paix, Union ?

Jeanne. — Je n’en sais rien.

L’Évêque. — Ne savez-vous point que ceux de votre parti aient fait faire service, messe, oraison pour vous ?

Jeanne. — Je n’en sais rien. S’ils ont fait faire service, ils ne l’ont point fait par mon commandement. Et s’ils ont prié pour moi, m’est avis qu’ils ne font point de mal.

L’Évêque. — Ceux de votre parti croient-ils fermement que vous soyez envoyée de par Dieu ?

Jeanne. — Ne sais s’ils le croient, et m’en attends à leur cœur ; mais s’ils ne le croient, pourtant je suis envoyée de par Dieu.

L’Évêque. — Pensez-vous que, en croyant que vous êtes envoyée de par Dieu, ils aient bonne croyance ?

Jeanne. — S’ils croient que je suis envoyée de par Dieu, ils ne sont point abusés.

L’Évêque. — Saviez-vous point le sentiment de ceux de votre parti quand ils vous baisaient les pieds et les mains, et vos vêtements.

Jeanne. — Beaucoup de gens me voyaient volontiers, et ils baisaient mes vêtements le moins que je pouvais. Mais venaient les pauvres gens volontiers à moi, parce que je ne leur faisais point de déplaisir, mais les supportais à mon pouvoir.