Page:Robert Brasillach - Le Procès de Jeanne d'Arc (1941).djvu/74

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

qui vous ont examinée dans l’autre parti, les uns par un mois, les autres par trois semaines, vous ont interrogée sur la mutation de votre habit ?

Jeanne. — Je ne m’en souviens. Toutefois ils me demandèrent où j’avais pris tel habillement d’homme. Et je leur dis que je l’avais pris à Vaucouleurs.

L’Évêque. — Les dits maîtres vous demandèrent-ils si vous aviez pris cet habit suivant vos voix ?

Jeanne. — Je ne m’en souviens.

L’Évêque. — Votre Reine ne vous a-t-elle pas interrogée sur le changement de votre habit, quand vous l’avez visitée pour la première fois ?

Jeanne. — Je ne m’en souviens.

L’Évêque. — Votre Roi, votre Reine et d’autres de votre parti, vous ont-ils point requise parfois de déposer habit d’homme ?

Jeanne. — Cela n’est point de votre procès.

L’Évêque. — Au château de Beaurevoir, n’en avez-vous pas été requise ?

Jeanne. — Oui, vraiment. Et répondis que je ne le déposerais point sans le congé de Notre-Seigneur. Je vous dirai aussi que la demoiselle de Luxembourg requit à monseigneur de Luxembourg que je fusse point livrée aux Anglais.

L’Évêque. — Ne vous offrit-on pas habit de femme à Beaurevoir ?

Jeanne. — La demoiselle de Luxembourg et la dame de Beaurevoir m’offrirent habit de femme ou drap à le faire, et me requirent que je le portasse. Et je répondis que je n’en avais pas le congé de Notre-Seigneur, et qu’il n’en était pas encore temps.

L’Évêque. — Messire Jean de Pressy et autres à Arras vous offrirent-ils point habit de femme ?

Jeanne. — Lui et plusieurs autres m’ont plusieurs fois demandé de prendre cet habit.

L’Évêque. — Croyez-vous que vous eussiez délinqué ou fait péché mortel de prendre habit de femme ?