Page:Robert Brasillach - Le Procès de Jeanne d'Arc (1941).djvu/69

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Jeanne. — Jamais je n’ai guéri personne par le moyen desdits anneaux.

L’Évêque. — Saintes Catherine et Marguerite ont-elles parlé avec vous sous l’arbre dont il a été déjà fait mention ?

Jeanne. — Je n’en sais rien.

L’Évêque. — Les dites saintes vous ont-elles parlé à la fontaine qui est proche de l’arbre ?

Jeanne. — Oui, et je les y ai entendues. Mais ce qu’elles me dirent alors, je ne sais.

L’Évêque. — Qu’est-ce que les Saintes vous ont promis, soit là, soit ailleurs ?

Jeanne. — Elles ne me firent nulle promesse, si ce n’est par congé de Dieu.

L’Évêque. — Quelles promesses vous ont-elles faites ?

Jeanne. — Ce n’est pas du tout de votre procès. Entre autres choses, elles m’ont dit que mon Roi serait restitué en son royaume, que ses adversaires le veuillent ou non. Elles me promirent aussi de me conduire en paradis, et je les en ai bien requises.

L’Évêque. — Eûtes-vous autre promesse ?

Jeanne. — J’ai une autre promesse, mais je ne la dirai pas, et elle ne touche pas le procès. Avant trois mois je dirai autre promesse.

L’Évêque. — Vos voix vous ont-elles dit qu’avant trois mois vous seriez délivrée de prison ?

Jeanne. — Ce n’est pas de votre procès. Toutefois je ne sais quand je serai délivrée. Ceux qui me veulent ôter de ce monde pourront bien s’en aller avant moi.

L’Évêque. — Votre conseil vous a-t-il dit que vous seriez délivrée de la prison où vous étiez présentement ?

Jeanne. — Reparlez-m’en dans trois mois. Je vous en répondrai. Demandez aux assesseurs, sur leur serment, si cela touche le procès.

Les Assesseurs, après délibération. — Cela touche le procès.

Jeanne. — Moi, je vous ai toujours bien dit que vous ne sauriez tout. Moi, il faudra bien un