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D’ailleurs il y a des révélations qui vont au roi de France et non pas à ceux qui m’interrogent.

Jean Beaupère. — Les Saintes sont-elles du même âge ?

Jeanne. — Je n’ai pas congé de vous le dire.

Jean Beaupère. — Parlent-elles ensemble ou l’une après l’autre ?

Jeanne. — Je n’ai pas congé de vous le dire, et toutefois j’ai tous les jours conseil de toutes deux.

Jean Beaupère. — Laquelle des deux apparut la première ?

Jeanne. — Je ne les ai pas connues si tôt. Je l’ai bien su aucunes fois, mais je l’ai oublié. Si j’en ai congé, je vous le dirai volontiers. Cela est mis en un registre à Poitiers. J’ai eu aussi confort de saint Michel.

Jean Beaupère. — Laquelle desdites apparitions vous vint la première ?

Jeanne. — Ce fut saint Michel.

Jean Beaupère. — Y a-t-il beaucoup de temps passé depuis que vous eûtes pour la première fois la voix de saint Michel ?

Jeanne. — Je ne vous nomme point la voix de saint Michel, mais vous parle du grand confort.

Jean Beaupère. — Quelle fut la première voix qui vint à vous, quand vous étiez en l’âge de treize ans ou environ ?

Jeanne. — Ce fut saint Michel que je vis devant mes yeux, et il n’était pas seul, mais était bien accompagné d’anges du ciel. Je ne vins en France que du commandement de Dieu.

Jean Beaupère. — Avez-vous vu saint Michel et les anges corporellement et réellement ?

Jeanne. — Je les vis de mes yeux corporels, aussi bien que je vous vois. Et quans ils se partaient de moi, je pleurais ; et j’eusse bien voulu qu’ils m’emportassent avec eux.

Jean Beaupère. — En quelle figure était saint Michel ?

Jeanne. — Il n’y a pas encore de réponse pour vous là-dessus, et je n’ai point encore congé de le dire.