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Les adversaires d’autrefois pour ce jour se sont accordés.
Les juges traînés au bûcher sont auprès des mauvais enfants,
Car les juges seront jugés par coupables et innocents.
Au delà des verrous tirés qui d’entre eux pourra s’aborder ?
Qui verra ses lacets rendus, sa cravate et ses vêtements ?
Socrate juge la cité, Jeanne signe le jugement,
Et à la cour siègent ce soir la Reine et Charlotte Corday.


Ils passeront, ils répondront aux tribunaux des derniers jours
Ceux-là qui avaient tant souci de garder leur hermine blanche,
Et les cellules s’ouvriront sans besoin de verrous ni clanches ;
À la cour du suprême appel, ce n’est pas les mêmes toujours,
Ô frères des taules glacées, qui seront du côté du manche,
Les pantins désarticulés attachés au poteau qui penche
Se dresseront pour vous entendre, ô juges qui demeuriez sourds.


Et ceux qui ont passé leurs nuits à remâcher leurs mauvais rêves,
Les pâles joueurs de couteau, les héros morts pour leur combat,
Les filles qui sur le trottoir glissent la drogue dans leurs bas,
Ceux-là qui pendant des années ont perdu leur sang et leur sève,
Par le juge et par le mouchard et par Caïphe et par Judas,
Ils verront le grand Condamné, Roi des condamnés d’ici bas,
Ouvrir pour juges et jugés le temps de la grande relève.

Fresnes, le 23 janvier 1945.