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LE JUGEMENT DES JUGES

Ceux qu’on enferme dans le froid sous les serrures solennelles,
Ceux qu’on a de bure vêtus, ceux qui s’accrochent aux barreaux,
Ceux qu’on jette la chaîne aux pieds dans les cachots sans soupiraux,
Ceux qui gardent les mains liées, refusés à l’aube nouvelle,
Ceux qui tombent dans le matin, tout disloqués à leur poteau,
Ceux qui lancent un dernier cri au moment de quitter leur peau
Ils seront quelque jour pourtant la Cour de Justice éternelle.


Car avant même de juger le criminel et l’innocent,
Ce sont les juges tout d’abord qu’il faudra bien que l’on rassemble,
Qui sortiront de leurs tombeaux, du fond des siècles tous ensemble,
Sous leur galon de militaire ou leur robe couleur de sang,
Les colonels de nos falots, les procureurs dont le dos tremble,
Les évêques qui face au ciel ont jugé ce que bon leur semble,
Ils seront à leur tour aussi à la barre du jugement.


Quand la trompette sonnera, ce sera le premier travail !
Mauvais garçons, de cent mille ans vous n’aurez eu tant de besogne !
Pour tuer, pour dérober vous n’aviez guère de vergogne,
Mais vous avez bien aujourd’hui à soigner un autre bétail,
Regardez dans le petit jour, c’est le chien de berger qui grogne.
Il mord leurs mollets solennels, et le fouet claque à votre poigne.
Rassemblez les juges ici dans l’enceinte du grand foirail.