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Le sourire que tu faisais,
Par delà les grilles lointaines,
Toi, si fière, ô toi, indomptée,
Rieuse parmi les déveines,
Mon amie de tous nos étés,
Ma sœur des joies et des peines.

À toi encor que j’ai vu naître,
Comme une enfant de mes douze ans,
Petite sœur à la fenêtre,
Tu vins aussi, aux jours pesants,
À toi, tout ce qui nous assemble,
Le mépris des cœurs trop fuyants,
Le silence qui nous ressemble,
Et l’amour qui n’est pas bruyant.

Petits enfants de ma maison,
Ô vous qui ne m’oublierez pas,
(Et peut-être d’autres viendront)
Vous qui m’avez donné ici-bas
Vos joues, l’étreinte de vos bras,
Votre sommeil sur qui je veille
Je vous appelle ici tout bas,
Je vous rends toutes ces merveilles.

Et maintenant, à toi, Maurice,
À toi, frère de ma jeunesse,
Que te donnerai-je qui puisse
N’être à toi de ce que je laisse ?
Voici Paris qui fut à nous,
Voici Florence qui se dresse
Et, sur les chemins secs et roux
Voici notre Espagne sans cesse.

Mais voici surtout, ô mon frère,
Le cœur de notre adolescence ;
Nul hasard ne le désespère,
À tout il garde sa confiance.