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LE TESTAMENT D’UN CONDAMNÉ

L’an trente cinq de mes années,
Ainsi que Villon prisonnier,
Comme Cervantès enchaîné,
Condamné comme André Chénier,
Devant l’heure des Destinées,
Comme d’autres en d’autres temps,
Sur ces feuilles mal griffonnées,
Je commence mon testament.

Par arrêt, des biens d’ici-bas
On veut me prendre l’héritage,
C’est facile, je n’avais pas
Terre ou argent en partage
Et mes livres ou mes images
On peut les disperser aux vents ;
La tendresse ni le courage
Ne sont objets de jugement.

En premier, mon âme est laissée
À Dieu qui fut son créateur,
Ni sainte, ni pure, je sais,
Seulement celle d’un pécheur ;
Puissent dire les saints français
Qui sont ceux de la confiance,
Qu’il ne lui arriva jamais
De pécher contre l’espérance.