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LOCKE ET CONDILLAC.

confusion remplit une grande partie du quatrième livre de l’Essai (1). Ensuite, il prétend que les axiomes ne sont d’aucun usage. « Je serais fort aise, dit-il, qu’on me montrât quelque science fondée sur ces axiomes généraux : ce qui est est^ il est impossible quune chose soit et ne soit pas (1). » C’est à ces derniers axiomes qu’il assimile tous les autres. Il n’y voit que des propositions verbales (3) et identiques (4), et, par conséquent, complètement frivoles.

Il est facile d’apercevoir les analogies qui existent, sur tous ces points, entre les vues de Locke et celles de Condillac. On trouve, dans l’auteur français comme dans l’auteur anglais, la théorie des idées représentatives et celle du jugement comparatif. Sur l’étendue de nos connaissances, Condillac est critique et négatif comme Locke. Les deux philosophes confondent les propositions absolues avec les généralités contingentes. Tous les passages du Traité des systèmes qui se rapportent aux principes abstraits ne font que reproduire, quant au fond, la doctrine énoncée par Locke dans le chapitre Vil de son 4® livre et dans plusieurs endroits du livre l®^ Seulement Condillac étend à de nouveaux systèmes les explications que Locke avait renfermées dans les principes abstraits en vogue de son temps ; aux vues générales de Locke, il ajoute des analyses détaillées, ingénieuses et solides (5). Enfin la doctrine de l’identité des termes dans les propositions absolues est commune aux deux auteurs, avec cette différence que l’idendité est pour Locke un objet de raillerie, et pour Condillac la marque même de l’évidence.

(I) Cousin, série U, t. Ul, p. 3ib, —’{2)Essai, liv. IV, ch. VU, | ii, (3) Ibid., ch. VIII, | 2. —^ (4) Ibid., ch. VIÏ, | 1 1. Suivant M. Cousin, Locke est peut-être le premier qui ait introduit dans la langue philosophique le terme de proposition identique. — (5) Cousin, série*I, t. III, p. 101.