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LES
MENDIANTS DE LA MORT[1]


I

embaumeur et pleureurs

C’était la veille au soir que Jeanne avait rendu le dernier soupir.

Le jour commençait à paraître. Herman était déjà revenu près du corps de sa mère.

Debout, immobile, le bras appuyé sur le dossier du lit, tantôt il portait son regard humide sur le visage de la morte, il la contemplait avec un douloureux attendrissement ; tantôt sa tête retombait sur sa poitrine et ses traits prenaient l’empreinte d’une méditation solennelle.

En face de cette existence si pure et si éprouvée de Jeanne, dont le souvenir se peignait encore autour d’elle ; en face de ce moment de la mort où on va rendre le compte suprême, il se prenait à mépriser l’emploi de ses jours et se promettait d’en faire un usage plus digne à l’avenir.

L’influence bienfaisante de Jeanne sur son fils adoré s’étendait au delà de la vie.

Des gens de la maison, dans un recueillement respectueux, entretenaient sans bruit les cierges, les cassolettes de parfums qui brûlaient près de la couche mortuaire.

  1. L’épisode qui précède les Mendiants de la mort a pour titre : Les Mendiants de Paris.