gitimes… Et cependant l’amour qu’il éprouvait pour cette femme pleine de force, de grandeur, se nourrissait encore des souvenirs de tendresse ineffable que la femme aimante et dévouée lui avait laissés.
Il n’avait donc connu et aimé Valentine qu’au moment où il la perdait.
Cette fatalité était désolante sans doute, pourtant Herman s’étonnait de la douleur poignante qu’elle répandait en lui. N’ayant jamais eu avec les femmes que des liaisons plus ou moins légères et faciles, il ne croyait pas à l’amour qui fait souffrir, qui absorbe l’être tout entier et consume jusqu’au dernier souffle de la vie ; il l’avait souvent nié et traité de prétentions vaines (comme chacun d’entre les hommes réputé toujours faux et impossible ce qui n’est pas en lui). Ainsi Herman, en ce moment, ne savait que penser de cette fièvre incessante qui l’agitait, de ces larmes sans cause qui venaient brûler sa paupière, de ces longs battements de cœur qui faisaient naître un nom répété à voix basse. Il croyait son âme malade et délirante quand elle venait d’acquérir la plénitude de l’existence.
Mais cette passion, dans laquelle il entrait avec le trouble d’une initiation rapide, devait lui montrer sa stérilité et sa puissance en influant souverainement sur le reste de son existence.
En jour, cependant, la tristesse de l’isolement, les anxiétés de l’incertitude dominant les craintes qu’il éprouvait de se retrouver en présence de Valentine, Herman demanda sa voiture et reprit la route de Paris.
Arrivé à l’hôtel de Rocheboise, il monta lentement et avec une palpitation de cœur violente l’appartement particulier qu’il habitait avec Valentine.
Le salon, la chambre à coucher, le parloir étaient, vides.
Herman se laissa tomber sur un divan, brisé de cette route de quelques instants, accomplie au milieu de vives émotions, comme il l’eût été d’un long voyage. Il éprouvait cependant une certaine satisfaction de ne trouver personne à son arrivée ; c’était un moment de plus pendant lequel il pouvait encore espérer.
Il attendit le retour de Valentine, tantôt croyant qu’elle serait assez généreuse pour pardonner, pour feindre même l’oubli de ce qui s’était passé, tantôt se souvenant de son funeste adieu et retombant dans la crainte, le découragement.
C’était dans cette chambre que Valentine, si peu de