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les mendiants de la mort

— Qu’importe ! interrompit Herman, ne suis-je pas moins frappé d’opprobre I

— Non, te dis-je !… Regarde l’horizon…

La terre qu’on apercevait encore au loin était chargée d’ardents et sombres nuages qui se heurtaient sous le vent, pesaient sur la côte et semblaient le faire tressaillir sous leurs tourbillons. De l’autre côté, dans l’étendue de la mer, tout se dégageait des ombres, l’espace s’éclaircissait en une plaine limpide où se levaient les beautés du ciel.

— Regarde, disait Valentine, là, du côté de la France, où gronde encore l’ouragan, sont les regrets si longtemps exhalés et demeurés dans l’air, la trace de tes fautes offerte à chaque pas, et la fatalité inscrite sur le sol. Mais de ce côté, au bout de l’étendue lumineuse, est la patrie nouvelle, l’existence qui n’a point de passé, la régénération, la paix de l’âme et l’amour.

Tandis que Valentine disait ces mots, le vaisseau avançait à pleines voiles. Au souffle du vent purifié, il s’enfonça dans l’atmosphère resplendissante d’azur et de lumière, et alla se perdre dans l’éther radieux sur la limite du ciel.




fin.