Page:Robert - Les Mendiants de la mort, 1872.djvu/229

Cette page a été validée par deux contributeurs.
225
les mendiants de la mort

de la maison, et arrivé sur une route de traverse. Là, des circonstances étranges vinrent le tirer de sa rêverie pour le ramener d’une manière bizarre et impérieuse au sentiment de la réalité.


XXVI

adieux aux mendiants

Herman, amené dans cette retraite pendant la nuit précédente, ignorait entièrement le lieu où il se trouvait ; sa première pensée, lorsque l’issue des taillis l’eût conduit sur une route, fut de chercher à reconnaître le pays qui l’entourait. Cela lui fut plus facile qu’il n’aurait dû le penser. À sa gauche, deux grandes flèches inégales blanchissaient dans l’ombre transparente ; ce ne pouvait être que les clochers de Saint-Denis ; en même temps il entendit sonner dix heures à l’horloge de ces tours ; il était donc à peu de distance de la ville de Saint-Denis, du côté de Courneuve.

Près d’une heure lui restait avant le départ, et comme en peu de minutes il pouvait regagner la maison où ses amis l’attendaient, il continua à errer quelques instants dans la campagne.

La route qu’il suivait était plantée d’arbres des deux côtés ; à droite, le talus de gazon qui la bordait descendait dans une plaine profonde.

En parcourant des yeux la route obscure, il vit venir deux hommes de haute taille, portant l’habit des frères de la doctrine chrétienne. Ces deux individus prirent bientôt un sentier oblique et descendirent dans la plaine.

Herman se demandait comment dans la nuit il avait pu distinguer, même vaguement, le chapeau à cornes, le rabat et la robe de ces frères, lorsqu’il s’aperçut qu’avant de descendre, ils venaient de passer dans un rayon de lumière, projeté sur le chemin à travers les branchages du bord.

Son attention se porta alors sur ce jet de clarté ; et comme il vint se placer devant le point d’où partait la lumière, un tableau singulier se montra à quelques pas de lui dans la plaine.

Sur une terre en chômage, un peu enfoncée au-dessous de la route, était un grand hangar destiné à quelque usage