Page:Robert - Les Mendiants de la mort, 1872.djvu/216

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
212
les mendiants de la mort

bruit des pas, qu’ils étaient produits par un rassemblement de plusieurs hommes d’armes.

À cette heure, où tout devait être éteint et endormi dans la prison, ce mouvement extraordinaire annonçait, d’une manière presque certaine, l’arrestation des deux fugitifs.

Ce ne fut qu’un éclair ; les lumières disparurent sans qu’on pût voir la direction qu’elles avaient prises ; mais Herman frémit à leur vue et resta pétrifié à sa place. Maintenant que l’espoir était entré dans son âme, il eût souffert mille morts en le perdant…

— Nous saurons bientôt ce qu’il en est, dit Gauthier en continuant à marcher.

Herman le suivit.

— Je vous disais bien, reprit le vieillard, que si nous avions été aperçus, c’est à la sortie de ce passage, dans les démolitions, qu’on viendrait nous attendre. Il n’y a qu’une issue praticable pour des fugitifs ; les autres donnent du côté du corps de garde… nous arriverons bientôt à la première… Là, nous serons arrêtés… ou nous n’aurons plus qu’un étroit caveau à traverser pour être dans un endroit où s’ouvrira d’elle-même la dernière porte de la prison.

Au bout de quelques minutes, arrivé à la sortie qu’il cherchait, Gauthier l’ouvrit d’une main qu’aucun trouble n’agitait, et qui ménageait adroitement le bruit de la serrure.

Les ténèbres ! le silence ! ce fut tout ce qu’ils rencontrèrent en franchissant le seuil ; jamais la lumière céleste la plus radieuse ne parut aussi belle que cette ombre muette ne le semblait aux yeux des fugitifs.

Gauthier, dans l’obscurité, promena sa main sur l’étendue de la muraille, et ayant rencontré un panneau de bois, y frappa légèrement trois coups.

Un mouvement se fit de l’autre côté ; les planches glissèrent sur elles-mêmes.

Prenant ce passage, ils se trouvèrent dans la cantine.

Une bonne vieille femme, qui venait d’ouvrir une porte condamnée depuis longtemps, souffla sa lampe, prit Herman et son compagnon par le bras, et, en un clin d’œil, leur fit franchir la porte de la rue, qui se referma sur eux avec la même vitesse.

Ils étaient en liberté !

Là cependant le péril le plus pressant les attendait.