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LES MENDIANTS DE PARIS

— Pardonnez-moi, dit celui-ci en se présentant, de venir ainsi me mêler à votre intimité et à cette heure matinale.

Herman répondit en lui tendant la main, et Valentine dit avec le plus affectueux sourire :

— Vous, monsieur Dubreuil, l’ancien ami d’Herman et le mien ! Mais à présent vous êtes doublement de la maison, et il n’y a rien de trop intime pour vous.

— C’est une charmante assurance.

— Aussi, c’est bien convenu, notre porte vous sera ouverte à toute heure, et vous nous donnerez tous les moments que vous pourrez dérober à votre famille et au monde.

— À ce compte, madame, je passerais ma vie près de vous, car on retrouve ici les plus douces affections que puisse offrir la famille, et les plaisirs du monde en ce qu’ils ont de plus précieux, le charme de l’entretien.

— D’ailleurs, pour aujourd’hui, monsieur Léon, reprit Valentine, votre visite matinale vient on ne peut mieux ; car j’ai, tant de remerciements à vous faire, qu’en vérité je ne puis m’y prendre trop matin.

— Des remerciements, madame ?

— Pour les gravures, les bronzes, les belles fleurs de l’Inde… que sais-je encore ? pour tout ce que vous m’avez envoyé.

— Mais je ne sais vraiment si ce sont des présents de ma part. Tout ce qu’il y a de beau et de bienfaisant dans le monde vous appartient naturellement.

Valentine ne répondit à ces mots de Dubreuil qu’en ouvrant le carton des gravures anglaises pour les feuilleter de nouveau avec lui.

Après quelques instants de cette occupation, où l’un et l’autre demeuraient attachés en véritables artistes qu’ils étaient, on vint dire à madame de Rocheboise que les plantations qu’elle faisait faire en ce moment dans le jardin de l’hôtel réclamaient sa présence.

Elle descendit.

Léon, dans l’intérêt que lui inspirait ce jardin, renouvelé et embelli par Valentine, et peut-être pour la voir elle-même plus longtemps, s’avança sur le balcon, où Herman vint s’accouder près de lui.