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LES MENDIANTS DE PARIS

respirer, et l’amour ne peut exister dans le mariage : c’est une vérité aussi vieille… que le mariage.

— Mais… vous ne savez pas sur qui j’ai jeté les yeux.

— Pardon, monsieur, ma connaissance de cause va jusque-là.

— Ah çà ! Pasqual, je commence à croire aussi à la sorcellerie dont vous accusaient vos anciens camarades… Et… connaissant l’objet de mon choix, vous n’en êtes pas surpris ?

— Au contraire, je serais étonné qu’il fût tombé sur une autre.

— Comment ?

— Cette jeune fille étant assurément la plus belle créature qui se soit jamais montrée à vos yeux, il serait extraordinaire qu’elle n’eût pas obtenu votre préférence.

— Mais encore, comment savez-nous ?

Herman s’arrêta le cœur palpitant et la physionomie agitée.

— Je savais que vous la connaissiez.

— Et la connaître, n’est-ce pas, c’est l’adorer… en être fou… vouloir la posséder à tout prix ?

— Ah ! par exemple, je ne me mêle pas de cela, répondit Pasqual avec un calme froid ; mais vous m’avez parlé deux ou trois fois de cette jeune fille, et cela m’a suffi pour juger de vos sentiments à son égard.

— Et dans cette demeure solitaire, discrète, charmante !…

— Un véritable nid d’oiseaux, fait de duvet et posé sous l’ombrage.

Mais, reprit Herman en hésitant encore, comment la décider, elle, à y venir ?

— Dans sa condition, les barrières ne sont pas difficiles à franchir.

— Cependant…

— Il suffirait d’une personne complaisante qui allât la chercher dans la maison de sa mère… sous un prétexte quelconque… Le prétexte est facile à trouver, quand les parties l’acceptent d’avance.

— Et cette personne…

— Complaisante pour quelques pièces d’or ! on en trouvera cent pour une.

— Ah ! mon cher Pasqual, si vous vouliez me rendre ce service, je… je vous aimerais plus encore, s’il est possible… En attendant, je passe mon habit, et nous allons