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LES MENDIANTS DE PARIS

Je suis marié d’à c’matin ;
On ne dira plus que sui-t-un galopin.

Ce tapage est un peu apaisé lorsqu’on voit arriver le mendiant Pasqual, l’air distrait et dédaigneux, marchant avec nonchalance, et s’appuyant sur le bras du nègre Jupiter.

Puis aussitôt, en entrant, Pasqual se jette sur un banc, à la première place venue, les bras et les jambes croisés ; il ne s’occupe que de se reposer sans faire aucun frais pour l’aimable société.

Le nègre voudrait bien s’asseoir aussi ; mais, à son approche, tout le monde se serre sur les banquettes, et une place est impossible à trouver pour lui. Les gueux qui forment cette étrange assemblée trouvent encore le moyen d’avoir de l’orgueil et de l’impertinence ; ils sont fiers de leur race blanche et repoussent le nègre d’auprès d’eux.

Jupiter, grinçant des dents, va s’asseoir sur ses talons, en face de Pasqual, et tenant son menton entre ses deux mains ; il fait branler ses boucles d’oreilles d’ivoire dans un continuel mouvement de gronderie muette et de dépit.

On voit aussi près de Pasqual le père François, le vieil aveugle dont le père Corbeau a si méchamment tué le chien en le broyant sous ses pieds ; François s’est maintenant attaché à Pasqual, qui le protège, et il le suit partout comme son ombre.

Il manque désormais peu de personnes à cette importante réunion ; mais celle qu’on voit entrer en ce moment produit plus d’effet que toutes les autres ensemble.

C’est Robinette, fraîche, jolie et parée à éblouir les yeux.

Elle porte son costume de musicienne ambulante, sa jupe courte et légère de mousseline blanche, son spincer de satin bleu, où sa taille se balance comme si elle dansait déjà ; son cou, ses bras sont nus, ses épaules voilées seulement de ses tresses, de cheveux qui coupent d’une ligne noire leur éclatante blancheur, et vont tomber jusqu’au bas de la robe.

La joie respire dans toute sa gracieuse personne, anime son œil étourdi libre et plein de feu, ses joues roses et