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Indépendamment de cette lourde charge, il

    sur ses épaules nues, et fut obligé de rapporter intacte la bouteille que nous lui avions remise.
    Ces soldats, et tous les Russes que j’eus l’occasion de voir par la suite, portaient le plus profond respect à Napoléon. Je n’en citerai qu’un exemple : on avait oublié de cacher chez mon père une grande médaille qui représentait le buste du héros ; loin de vouloir la fouler aux pieds ou de l’outrager d’une manière quelconque, ils ne manquaient pas, au contraire, de se découvrir, chaque fois qu’ils l’apercevaient accrochée à la cheminée, avec autant d’empressement qu’ils l’auraient fait devant une image de saint Nicolas, avec cette exclamation en mauvais français : « Napoléon, pas bon, mais grand capitaine ! »
    Nous eûmes aussi généralement à nous louer des officiers supérieurs russes et prussiens qui logèrent chez nous, je citerai principalement un colonel de Hullan qui devait sa vie, son grade et sa décoration à Napoléon. Fait prisonnier avec d’autres partisans du corps franc de Schill qui s’était soulevé pour affranchir son pays, il allait être fusillé comme tant d’autres, lorsque l’empereur fit grâce aux derniers. Quoique les circonstances l’aient forcé depuis à servir contre son bienfaiteur, une fois qu’il eut su avec qui il se trouvait, il nous prouva qu’il n’avait pas moins conservé pour lui la plus grande vénération.
    Quant au petit nombre de ceux dont nous avons conservé