Modes de Mme Corot
Gravure par Gavarni, (vers 1830).
moins choisie. M. Corot, qui tenait les
livres de la maison, avait inscrit sur ses
registres les noms les plus illustres
de l’ancien régime et du nouveau. L’un
de ces carnets de créances est tombé par la
suite aux mains de son fils, qui a sabré de
crayonnages le gros papier verdâtre et
charbonné des figures d’églogue en travers des colonnes du doit et de l’avoir.
On y rencontre, côte à côte, selon le
hasard des fournitures, Mme de Colbert et
Mme Kellermann, Mme de Fitz-James et
Mme Condorcet[1]. Sous la Restauration, la maison Corot a la vogue.
En 1822, on lit dans l’Album du Journal des Arts, des Modes et du
Théâtre : « … Ce chapeau sort des mains de Mme Corot ; il n’y a qu’elle
pour chiffonner de la sorte[2] ». Dix ans plus tard, ses créations sont
encore goûtées. Une gravure démodes, dessinée par Gavarni vers 1830,
nous montre une dame coiffée d’une « capote de crêpe avec des marabouts,
de Mme Corot, rue du Bac ».
C’est donc là, rue du Bac, que naquit notre grand Corot, le 17 juillet 1796 (29 Messidor an IV). On l’appela Jean-Baptiste-Camille. Il porta habituellement le dernier de ces prénoms ; toutefois on lui souhaita sa fête à la Saint Jean-Baptiste. Son père, Jacques-Louis Corot[3], était Parisien ; il était le fils d’un perruquier de la rue des Grands-Degrés. Mais le pays d’origine de la famille était un petit village de Bourgogne, des environs de Semur, nommé Mussy-la-Fosse. Quant à Mme Corot, elle portait le nom de Marie-Françoise Oberson, et ses parents provenaient de Suisse. Camille eut deux sœurs. L’une était son aînée de quatre ans. Elle était née en pleine Révolution. Corot, moitié sérieux, moitié plaisant, attribuait à cette cause la santé souvent chancelante de la pauvre femme. « Ah !