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BERTHE AUX GRANDS PIEDS

La reine Blanchefleur se sent plus triste encor,
Songeant qu’il va falloir chevaucher en arrière.
Le cortège a fait halte au bord d’une clairière
Dans un silencieux décor.

Et toutes deux, la mère et la fille, s’étreignent ;
Elles voudraient sourire et leurs yeux sont en pleurs ;
Des nids d’oiseaux heureux chantent parmi les fleurs ;
Tout bas, sans savoir, elles craignent.

« Donnez-moi votre anneau, ma fille, en souvenir
Des jours où votre main m’était proche et câline,
Et pour garder de vous, pauvre mère orpheline,
Un don que je puisse bénir.

« Et maintenant, puisqu’il le faut, Dieu vous conserve !
Alix vous accompagne où l’amour vous conduit.
Aimez-la. Qu’elle soit pour vous, dès aujourd’hui,
Votre sœur et non votre serve.