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BERTHE AUX GRANDS PIEDS

Voici l’heure des vrais adieux et des tendresses,
Et du dernier baiser, qu’un autre toujours suit.
Le roi Flores se sent le cœur plein de détresses,
Des pleurs tremblent au bord de ses yeux pleins de nuit.

« Adieu, puisque je suis trop vieux pour vous conduire,
Ma fille, trop d’hivers ont alourdi mes pas ;
Mais si dans mon palais l’âge m’a su réduire,
Mes suprêmes conseils ne vous quitteront pas.

« Aux pauvres, avant tout, ne soyez point amère.
Il sied mal au bonheur d’être orgueil et dédain.
Soyez fleur, blanche fleur, comme était votre mère,
Ouvrez votre âme à tous, ainsi qu’un clair jardin. »

Il dit, et se détourne, et Berthe sans pensée
Sanglote éperdument, sachant qu’il est trop tard.
Tout au fond de son cœur d’heureuse fiancée
S’éplore la tristesse amère du départ.