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LE CHEMIN DE L’OUBLI




Passé lointain




Mon malheur t’a suivie, au jour de ta venue,
Toi qui vins la première et que j’ai méconnue,
Et mon cœur sur ton cœur s’est mal accoutumé.
Tu m’as aimé trop jeune, et tu m’as trop aimé :
Tu m’as gâté l’amour ; ta tendresse indulgente
Malgré moi, pour toujours, m’a fait l’âme exigeante,
Et toutes, désormais, les autres m’ont déçu :
Quelque chose de toi leur manque à mon insu.
Que chaque fois j’espère et que j’implore en elles :
Ton cœur simple, tes mains douces et fraternelles,
Tes yeux fidèlement appuyés sur mes yeux,
Tout ce bonheur certain, grave et silencieux,
Que je sentais, le soir, autour de mes pensées,
Dociles autrefois, maintenant dispersées…