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brun dans la langue des romans de chevalerie : Richard siet sur un destrier liart. (Roman d’Aubry). Lors brosche le destrier liart. (Roman de Blanochandin)[1].

Le type au dauphin était déjà ancien ; il est décrit dans un Compte de 1339 ; habeat moneta alba, ab una parte, circulum infra quem sit unus Dalphinus, et ab alia parte, sit una crux parva, prout habent Turonenses argenti regni Francie[2]. Il fut maintenu, tant que le Dauphiné eut son monnayage particulier, et, après la cession de 1349, tout en copiant les monnaies royales, les dauphins de France les marquèrent toujours du poisson symbolique (1349-1486).

En quittant la Pologne pour monter sur le trône de France, Henri III n’avait pas renoncé à la couronne des Jagellons, par une abdication formelle. Aussi sur toutes ses monnaies — les exceptions sont rares, dit Hoffmann — les mots : polonie rex, figurent-ils après son titre de roi de France.

Les conditions de frappe du liard à l’h couronné se prescrivaient ainsi : poids, 18 grains ; loi, 1 denier, 15 grains ; valeur, 3 deniers tournois. Nous ignorons quels étaient le poids et le titre des liards au dauphin, toutefois, les ateliers royaux étant alors régis par les mêmes ordonnances, on peut conjecturer qu’identiques aux précédents en mérite intrinsèque, ils en différaient seulement par l’emblème delphinal, grave au droit. Ces règlements demeurèrent en vigueur jusqu’en 1583. Le 22 juin de la dite année, un édit déprécia les types en cours et en créa deux nouveaux. Il maintenait, il est vrai, h couronné sur l’un, et le dauphin sur l’autre, mais le titre en était abaissé de trois grains, et trois fleurs de lis remplaçaient, au revers, la croix fleurdelisée.

L’organisation monétaire du Dauphiné est, pour ainsi parler, parallèle à sa fortune politique. Le droit de battre monnaie, dans leurs domaines, avait été concédé aux dauphins de Viennois, en 1155 par l’empereur Frédéric I. Conservé intact par les successeurs de Guigues V, il passa aux dauphins de France, en même temps que la province. Loin de se ralentir sous ces derniers, la fabrication prit une

  1. Gloss. V. Liardus.
  2. Hist. du Dauphiné, I, p. 95.