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trente feuilles, chaque feuille a cinq fruits. » — « Ô mon père, l’explication est facile ; l’arbre élevé, c’est le monde ; les branches sont les mois, les feuilles sont les jours, les fruits sont les cinq prières ; demain, quand le cadi s’avancera pour vous trancher la tête, dis-lui d’attendre l’explication de son énigme. » Le lendemain, le cadi dit au marchand de savon: « Eh bien, parie. » Et il l’expliqua. Le cadi s’écria : « Par ma selle, tu me diras qui te l’a expliquée. » — « Seigneur, répondit le marchand de savon, c’est ma fille. » Le cadi se tourna vers l’assemblée : « Je vous prends à témoin de mon acte, j’achète cette fille. » — « Ô seigneur, repartit le père, moi, je suis un marchand de savon; vous êtes notre cadi, vous ne pouvez pas acheter ma fille. » Quelques jours après, on alla chercher la nouvelle mariée. On lui amena un mulet chargé de farine, un autre chargé d’argent, un autre chargé de beurre. Les messagers du cadi trouvèrent la fille seule, ils déchargèrent leurs présents, et la fille leur servit à manger. « Pourquoi êtes-vous montés sur vos mulets ? » demanda-t-elle aux messagers. Eux de se regarder. « Où est ton frère » — « Il est allé frapper et se faire frapper. » —