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mentast fort à l’heure. Je vous fei bonne compagnie, et nous ne perdismes temps. Je croy qu’il vous resouvient bien en quoy nous l’employasmes. Depuis je vous ay veu une seule fois en. Cour à Sainct Germain en Laye, en la chambre du feu Roy de Navarre. Je veus aussi ramentevoir les fréquentes exhortations que vous me faisiés pour m’avancer, ayant conceu telle esperance de moy, que si la fortune (qu’il me soit permis de parler ainsi sans faire force sur le mot qui n’est pas chrestien) y eust satisfait, j’ay opinion, et ne me glorifie qu’en la grace de Dieu, que le reste n’eust point manqué. Mais la mort du Treschrestien Roy Henry, de qui nous espérions beaucoup, et les troubles qui sont survenus depuis m’ont fait embrasser la sentence Qui a esté bien caché, a bien vescu. Combien que je n’ay failli à la religion et republique et au service du Roy en ce qu’une privée personne peut et doit. Mais asses de cela. Je vous prie vous faire croire que ni la longueur du temps, ni la distance des lieus qui nous ont tant séparés, ont en rien amoindri ni refroidi de ma part l’amitié jurée entre nous, à laquelle je n’espere non plus-faillir qu’à ma réputation que j’ay plus chere que ma vie. Cette lettre servira de tesmoignage à la postérité, en quelle estime j’ay eu votre vertu, pour laquelle je vous ay honoré présent et absent, et vous ay fait part en mes œuvres comme à celuy qui mérite juger des plus grandes choses. Or quand à cette-cy, elle se doit peut estre estimer petite pour mon regard, mais certes tres grande pour le respect d’Epictete, duquel je vous peus assurer pour ce livret, qu’apres la lecture des saincts escripts vous n’en sauriés trouver en tout le reste des meilleurs escrivains qui vous apporte plus de consolation et contentement. Voilà ce que j’avoi à dire. Mais cependant que ma traduction est soubs la presse, Monsieur de la Guillotiere mon père m’a communiqué de sa tres copieuse Bibliotheque, le Commentaire de Simplicius sur Epictete, fait Latin par Angelus Caninius, fort abile homme et grandement versé aus lettres greques, soubs lequel j’ay ouy en ma grande jeunesse l’obscur livre quatriesme de Theodorus Gaza. Or je me plaisois tant en ma traduction que je ne voulois recêrcher aucun aucteur qui m’y peust servir, et quodammodo