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ANDRÉ RIVAUDEAU
À
HONORAT PREVOST
Son bon Seigneur et amy.


Mon Honorat,

J’ay tousjours acoustumé de consacrer aus grands le titre ambitieus des livres, mais quand il est question d’en faire quelcun juge et comme censeur, je m’adresse à tel qui le recevoit, non pour entendre, mais pour juger. De cette façon ay-je prié le seigneur de la Noüe de Bretaigne, gentilhomme de rare et delié jugement, et mon amy, de cognoistre de mes premieres œuvres, qui sont au jour, soubs le nom de la Royne de Navarre, princesse digne de toute louange. Ainsi, meis-je y a pres de neuf ans entre vos mains, la cause d’Albert Babinot, poëte chrestien, et la voyant aprouvée par vostre tesmoignage et recommendation, je mesprisé tous les zoïles et faux aristarques de France, comme je fay de cette heure un tas de nouveaus hommes, enfans de la terre, qui bruslans de jalouzie, et epoinçonnés de secrettes passions, s’avancent de juger nos faits et dits, et exercent de cruelles envies contre moy et ma renommée naissante. Mais ce propos me cuist, et il m’est trop plus aggreable et doux, de me ressouvenir des jours et mois que nous avons passés à Poictiers autresfois, en grand contentement et repos, par la communication des lettres, combien que vostre fievre quarte vous tour-