Page:Rivaudeau - La doctrine d’Epictète stoïcien.djvu/76

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 74 —

Il voulait en somme rendre à Épictète sa vraie physionomie. Épictète devait avant tout rester lui-même, il l’avait compris, et c’est là un premier hommage que nous pouvons rendre à la conscience de Rivaudeau moraliste humaniste : il a sauvé Épictète des déformations littéraires.

Les reproches adressés par Rivaudeau à Politien portent à la fois sur le texte lui-même, sur la division des chapitres, puis sur l’interprétation ou traduction. Maintes fois, il répète que Politien dut avoir entre les mains un texte fort incorrect, ce que nous admettons aisément puisque le traducteur lui-même en fait foi. Ce que nous comprenons moins bien, c’est l’insistance parfois malveillante que met Rivaudeau à souligner ces imperfections de texte. Ainsi, dans ses Observations du chapitre 51, il note : « L’interprète n’a rien suivi de cecy et a fait la court à ses pensées, a changé et brouillé tout cet endroit. » Il avait écrit au chapitre 42 : « Cela n’est nullement tourné du grec. Ce seroit trop licentieusement et témérairement faire que de rechanger tout ainsi… » ; au chapitre 46 : Le traducteur qui a fourré icy ce qu’il a voulu, n’a satisfait à l’intention de l’aucteur non plus que moy. » Au chapitre 17, il note un mot que Politien a dû oublier, en ajoutant cette restriction : « Il l’a oublié ou laissé sciemment », et au chapitre 60, il est encore plus dur en reprochant au grand humaniste « d’avoir laissé la moitié de ce chapitre sans raison et propos… et pour mieus enrichir la besoigne, il a avancé du sien… cela va bien, mais il n’est pas du jeu. Cet homme se donne grand’ licence et auctorité sur un ancien escrivain et philosophe, ou s’en repose et fie sur tel qui ne l’entend pas mieus que luy ».

Il est tout aussi prompt à critiquer la division des chapitres. Cette division, il est vrai, ne correspond point à celle de notre texte actuel, ni à celle du Commentaire de Simplicius dont Caninius nous a laissé la traduction, mais de là à conclure qu’elle est absolument arbitraire, il y a du chemin. Correspond-elle à un manuscrit de l’époque de Politien ? Nous ne pouvons, à ce sujet, que faire des conjectures. Il est possible que l’érudit italien, plus soucieux d’établir un lien entre les idées que de