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d’Épictète, mais cette forme ne pouvait point satisfaire des littérateurs tels que les humanistes ; Wolf, en 1563, l’avait déjà montré[1].

Il reste alors que nous pouvons nous demander, après une telle expérience, ce qu’allaient faire les successeurs de Du Moulin. Avec lui, ils ont recueilli l’héritage de la traduction latine, accommodée à la française, comme disaient les auteurs du XVIe siècle, puisque la traduction de Du Moulin nous est apparue comme une traduction de transition, et la question se pose de savoir si résolument ils vont briser les liens qui les attachaient encore trop étroitement à la traduction latine et faire de cette traduction une œuvre vraiment originale, purement française ? Rivaudeau, qui donna en 1567 une nouvelle traduction d’Épictète, suivie d’un Commentaire, va nous répondre. C’est en étudiant d’assez près son œuvre qu’il nous a paru intéressant d’en donner une nouvelle édition et qu’il nous sera possible de résoudre le problème des destinées du Manuel d’Épictète.


CHAPITRE II.

LA TRADUCTION FRANÇAISE D’ANTOINE DU MOULIN.


ANDRÉ RIVAUDEAU TRADUCTEUR DU « MANUEL » D’ÉPICTÈTE.

André Rivaudeau, sieur de la Flocellière, était fils d’un gentilhomme, homme de lettres et d’épée, le sieur de La Guillotière, mais ce dernier n’était gentilhomme que de fraîche date, car il avait été anobli par Henri II, lorsqu’il était entré à son service comme valet de chambre. André, son fils, naquit vers 1540, et fit ses études à Poitiers. C’est là, sans doute, qu’il se lia d’amitié avec Albert Babinot, celui-là, même qui lui dédia cette ode qui figure en tête de sa traduction du Manuel. Albert Babinot, juris-

  1. Cf. plus haut, page 56.