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d’Épictète. De, là, souvent des additions de mots, de phrases même purement explicatives. Nous pouvons voir là comme un essai de développement, un acheminement au Commentaire, qui ne devait pas aboutir ; nous allons bientôt expliquer pourquoi. Ouvrons, en effet, la traduction de Du Moulin; dès le premier chapitre, nous en trouvons des exemples. Il s’agit de traduire le mot grec eXeuesp~ Politien le rend avec une stricte exactitude par libera. Cette épithète libres ne satisfait pas notre traducteur, il y accole un second adjectif, franches, et désormais ces deux mots apparaîtront intimement liés quand il faudra rendre kÀsu6sp:x. Même procédé pour traduire les deux mots suivants (XXMAuTaf, ~7tQ;px1tÓ3¡¡¡’"ÇQ;. Du Moulin trouve nécessaire cette fois d’avoir recours à trois expressions pour qualifier ces choses qui sont en nous; elles ne nous peuvent estre deffendues, empeschees, et ostees. (1). Et que d’autres exemples de ce genre. Il traduit â~ea8ac 1tS¡;.¡;.oé’"ÇW’1 par s’abstenir de saulces et fyia~cdises; Spo<; ouest; bm par il n’y a jamais fin ne terme (2) ; etc. Quelquefois, c’est tout un membre de phrase explicative qu’il ajoute soit au texte d’Épictète, soit à celui de Politien (3), qu’il suit pourtant de si près. Politien avait écrit au chapitre VI « Si ollam diligis dic, ollam diligo. Ea enim fracta, non perturbaberis. » et Du Moulin traduit avec un commencement de commentaire « Si tu aymes un Pot, dy ainsi j’ayrne un Pot; icelluy rompu, tu ne te troubleras point, car tu congnoissois bien qu’il estoit fragile. Pareillement, si tu aymes ou ton Filz ou ta Femme, dy que tu aymes un Homme; si l’un ou l’autre vient à mourir, tu ne seras troublé, pource que paravant tu pensois bien qu’il estoit mortel (4). » À ce passage du chapitre XI, où il suit presque textuellement Politien : « Ainsi en est-il au cours de la vie, comme si pour urië coquille, ou pour une eschalotte, il nous estoit donné une Femme, ou un Enfant », il ajoute toute une proposition « ou autres choses que eussions cheres et

(1) Cf. Du Moulin, ouvrage cité, chap. I, p. 3.

(2) Ibid., chap. XXXV, LII ; pp. 29, 47.

(3) Cf. Ange Politien, Epicteti Enchiridion, cap. VI.

(4) Cf. Du Moulin, ouvrage cité, chap. VI, pp. 7, 8.