Mais c’est dans ses Notes que Wolf nous intéresse tout particulièrement, car on y découvre un philologue très avisé. Wolf inaugure vraiment une critique sérieuse du texte. Il a plusieurs éditions entre les mains, les deux éditions de Venise, celle de 1528[1] et celle de 1535[2] ; les deux éditions de Bâle[3], celle de 1531 et celle de 1554[4], et enfin l’édition de Strasbourg[5], dont nul ne se préoccupera plus dans la suite.
Il les compare, et lorsqu’il choisit entre les différentes variantes, ce n’est certes pas à la légère. Il fait appel non seulement à sa science d’humaniste, mais à son bon sens. Au chapitre Ier déjà, nous pouvons nous rendre compte de sa manière d’annoter un texte. Il s’agit de traduire le mot grec ὁρμὴ. Or, Cicéron l’a rendu tantôt par appetitionem animi, tantôt par motum animi. Politien, qu’il n’a garde de négliger, se sert du terme conatum ; après discussion, il opte pour appetitio, qui lui semble le mieux traduire la pensée d’Épictète. De même, pour traduire ἔργον, il choisit actio. Actio, pour lui, implique quelque chose de notre âme, que nous réalisons au dehors soit en bien, soit en mal, à l’aide de notre corps. Et ce qui prouve qu’il l’entend bien ainsi, c’est que nous retrouverons le verbe agere pris dans le même sens dans ce même chapitre Ier : « Ad summa ea quæ ipsi non agimus », dit-il, en parlant des choses qui ne dépendent pas de nous. Il a donc choisi de son plein gré le mot propre sans se préoccuper de ses devanciers. Il ne les dédaigne point pourtant, et, contrairement à Rivaudeau, qui, quelques années plus tard, se montrera si sévère à l’égard de Politien, il reconnaîtra tout ce que la vulgarisation du Manuel doit à cet illustre humaniste. Au chapitre IV, quand il s’agit dé traduire que ce n’est point avec mollesse qu’il faut entreprendre les grandes choses que requiert la sagesse, il choisit de préférence à tout autre le texte de Simplicius, que Politien