Page:Rivaudeau - La doctrine d’Epictète stoïcien.djvu/59

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 57 —

moments, on regrette qu’il n’ait point garde quelques répétitions si fortes d’Êpictète « visorum impetum secutus », dit-il au chapitre XXVI, et « ne visa tibi assensum extorqueant » au chapitre XXVII, pour traduire : ὑπὸ τῆς φαντασίας μὴ συναρπασθῆναι. D’autres fois, il nous donne l’impression d’une certaine recherche qui ne sied vraiment pas à Épictète. Lorsque ce dernier rappelle que la mort, l’exil et tous les maux doivent être sans cesse devant nos yeux, le verbe le plus simple, c’est-à-dire le verbe être, semble le mieux convenir. Il n’en est point ainsi avec Wolf ; il traduit, chapitre XXVIII : « Mors et exilium, et omnia quæ in malis habentur, ob oculos tibi quotidie versentur. », et au chapitre XXIX : « Sapientias studium suscipere cupis ? Statim te para, quasi futurum sit ut deridearis ut multi te subsannent, ut dicant, te subito philosophum extitisse : ut rogent, unde supercilium istud ? » Il semble que la pensée d’Épictète pouvait s’exprimer là sous une forme plus concise.

Il ne faut point, cependant, exagérer la critique. Wolf a su garder lui aussi des répétitions heureuses ; il a compris combien il importait parfois d’insister sur un mot pour mieux faire pénétrer l’idée qu’il exprime : « Te enim alius non lædet nisi ipse velis. Tum autem læsus eris, cum te lædi existimaris », dira-t-il au chapitre XXXVII. Il garde, d’ailleurs, le mouvement de la phrase d’Épictète, si pressant lorsqu’il s’agit de capter l’attention de ce disciple, quand il lui montre à quel prix s’achètent les honneurs et les faveurs du monde ; par exemple : « Nam qui valebit tantum is qui fores non frequentat, atque is qui frequentat ? Qui non assectatur, atque is qui assectatur ? Qui non laudat atque is qui laudat ?… Non invitatus es ad convivium alicujus ? Nec dedisti quanti vendit convivium vendit autem id convivato laudatione, vendit obsequio… » (Chapitre XXXII.) Comme il rend bien et presque mot à mot cette belle éloquence concise et forte du chapitre LXXV : « Quousque tandem differres præstantissima quæque tibi vendicare… ? Accepisti præcepta quæ amplectenda tibi fuerunt, eaque amplexus es. Qualem igitur adhuc doctorem expectas, cujus in adventum tui correctionem differas ? Non jam adolescens es, sed matura ætate vir… »