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voulu là faire seulement œuvre de philologue, mais bien œuvre de philosophe, en mettant ainsi en relief tout ce qu’il avait senti dans ce petit traité de merveilleusement efficace pour ses contemporains et pour lui-même. Il a vraiment montré comment ces chapitres, qui apparaissent sans lien, convergent tous pourtant vers un centre unique, la distinction entre les choses qui dépendent de nous et celles qui n’en dépendent pas, distinction intimement liée à celle que les Platoniciens mettent à la base de leur philosophie entre le corps et l’âme.

Mais s’il est possible de reprendre ainsi toute l’analyse du Manuel par la simple révision des titres, cela tient encore à cette perspicacité du traducteur, qui sait toujours dans un paragraphe distinguer le mot essentiel pour l’encadrer dans un titre. Soit le chapitre IV par exemple, qui roule tout entier sur l’imagination, et l’imagination pénible, il l’intitule « Quo nos pacto in aspera quavis imaginatione gerere oporteat. » Au chapitre VIII, il est parlé du trouble que l’homme ressent de l’opinion qu’il se fait des choses. C’est encore sur ce mot trouble qu’appuie le traducteur « De perturbatione declinanda, etc. » Au chapitre XXV, il faut aller tout à la fin pour trouver le mot de liberté, sur lequel porte cependant tout ce développement. Politien le comprend et l’exprime ainsi « Quae via ad libertatem expeditissima sit. »

Mais, en même temps que traducteur intelligent, Politien se montre traducteur fidèle. Fidèle, en ce sens qu’il sait observer ces nuances subtiles entre les termes que la philosophie stoïcienne tient si proches les uns des autres. Ce n’est pas indifféremment qu’il use de synonymes, se servant tantôt du mot « imaginatio », tantôt du mot « opinio »[1], par exemple. L’imagination repré-

  1. Cf. version cit., cap. 1. « Eorum quae sunt, partim in nobis est, partim non est. In nobis est opinio, conatus, appetitus, declinatio et (ut uno dicam verbo) quaecunque nostra sunt opera. Non sunt in nobis, corpus, possessio, gloria, principatus, et uno verbo, quascunque nostra opera non sunt. Quæ igitur in nobis sunt, natura sunt libera nec quœ prohiberi impedirive possint. Quae in nobis non sunt, ea imbecilla, serva, et quæ prohiberi possint, atquæ aliena. »

    Cf. ibid., cap. iv. « Continuo igitur in quavis aspera imaginatione disce considerare, imaginationem esse illam… »

    Cf. paragraphes 1 et 5 du chapitre 1er des éditions modernes.