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à tout propos, je ne boi que de l’eau et si tu te veus exercer au travail, fai le en ton particulier et non pour estre veu des hommes. Ne va point embrasser les statues. Mais quand tu auras fort grand soif, avale un peu d’eau froide, et crache, et ne le di à personne.

Chapitre LVIII.

La coustume et façon de l’ignorant est, de n’atendre jamais de soy l’utilité ou la nuisance, ains des choses externes, mais le deportement et la coustume ordinaire du sage est de mettre en soy mesme le profit et le dommage.

Chapitre LIX.
À quoy chacun peut cognoistre s’il devient vertueus, ou non.

Voicy les tesmoignages de celuy qui proffite, il ne vitupere personne, il ne louë personne, il ne blasme aucun, il ne dit rien de soy mesme pour le faire croire estre abile homme, ou savant. Lors qu’il reçoit empeschement ou deffense, il s’en prend à soy mesme, et si quelcun le louë, il s’en rit en cœur, et si on le blasme, il n’en fait point d’excuse. Mais il se maintient comme celuy qui ne fait que sortir de maladie, craignant de remuer ce qui est déjà commencé à s’affermir, premier qu’avoir acquis une biensolide et asseurée santé. Outre il s’est despouillé de tout affectionné désir, il ne craint où fuit les choses qui sont de nature contraire à ce qui est en nostre puissance. Son pourchas n’est violent, il ne luy chaut si on le tient pour un sot, ou un ignorant, et pour le faire court, il se garde de soymesme comme d’un ennemy ou un espion.