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qu’il gouverne et administre toutes choses tresbien et tres-egalement. Au reste crois le perfaitement, et luy obeis, et cede à tout ce qu’il fait, et le suis volontiers, comme estant ordonné d’un tresexcellent conseil. Si tu fais cela, tu ne te plaindras jamais de Dieu comme estant mesprisé. Autrement il n’est pas possible que tu faces ainsi, si tu ne te retires de ce qui est hors de nous, et si tu ne mets le bien et le mal aus choses qui sont en nostre puissance seulement. Mais si tu penses quelcune des choses externes estre bonne ou mauvaise, il ne se peut faire qu’estant frustré de ce que tu auras pourchassé, ou estant tombé en ce que tu fuis, tu ne t’en prenes à celuy qui est aucteur de tout. Car tous les animaux ont ce naturel, qu’ils fuyent et se gardent des choses qui leur semblent nuysibles et de leurs causes aussi, et au contraire ils admirent et pourchassent les profitables et leurs causes. Il est donc impossible que celuy qui pense estre blecé se rejouisse pour ce dequoy il cuide recevoir la bleceure, veu que le mal qu’il en reçoit luy deplaist. Qui fait que le fils injurie son pere quand il ne luy distribue ce qui luy semble bon ? Et cecy a rendu Polynice et Éteocle ennemys mortels, qu’ils ont tous deus jugé qu’il estoit bon de régner. Pour cela le laboureur accuse les Dieus, pour cela le marinier, pour cela le marchant, pour cela mesmes ceus qui ont perdu leurs femmes ou enfans. Car là ou est l’utilité, là est la piété. Parquoy celuy qui -a soing de désirer et fuir par raison, au temps qu’il fait ainsi peut estre religieus. Et au demeurant il faut que chacun face son service, offrande et sacrifice selon sa religion purement, soigneusement, et sans affeterie, et outre ni trop escharcement ni prodigalement et outre sa portée.