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de doute. Ainsy ne luy seras tu pas inutile. Quel ranc tiendray je donc en la ville ? Celuy que tu pourras te maintenant loial et honeste. Mais si luy voulant apporter quelque utilité tu perdois ces vertus, que luy vaudras tu, estant devenu infidele et eshonté ?

Chapitre XXIII.
Que ceus qui cerchent l’honneur, perdent leur liberté.

Si quelcun a esté appellé au banquet, ou embrassé et salüé, ou reçeu au conseil, et tu as esté laissé derriere. Et si ces choses sont bonnes, tu te dois resjouïr dequoy cet autre les a obtenues. Si elles sont mauvaises, tu ne dois estre marry dequoy elles ne te sont avenues. Mais te souvienne cependant que tu ne peus aquerir pareil avantage que les autres, si tu ne fais les choses pour lesquelles on peut aquerir ce qui est hors de nous. Comment doncques peut l’on estre traité aussi favorablement que ceus qui hantent ordinairement la porte de quelcun, si on ne la hante point, ou comme ceus qui conduisent et accompagnent ne faisant pas le mesme, ou comme ceus qui vantent et flatent les riches, ne faisant pas comme eus ? Tu es certainement insatiable et déraisonnable si tu veus avoir ces honneurs pour neant, et sans avoir offert le pris qu’ils coustent aus autres. Mais combien s’achètent les laitues ? Sept deniers, prenons le cas qu’elles valent autant. Si donc quelcun baillant sept deniers, reçoit des laitues, et toy qui ne bailles rien, ne reçois rien aussi, ne pense avoir moins que celuy qui en a prins. Car comme il a des laitues, aussi n’as tu point baillé ton argent. Ce fait porte tout ainsi. N’es tu point convié au banquet de