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versalité personnelle ; & c’est un problême de plus pour la postérité.

Ces Grands-hommes nous échappent, il est vrai ; mais nous vivons encore de leur gloire, & nous la soutiendrons, puisqu’il nous est donné de faire dans le monde physique les pas de géant qu’ils ont faits dans le monde moral. L’airain vient de parler entre les mains d’un Français, et l’immortalité que les Livres donnent à notre Langue, des Automates vont la donner à sa prononciation. C’est en France & à la face des Nations que deux hommes se sont trouvés entre le ciel & la terre, comme s’ils eussent rompu le contrat éternel que tous les corps ont fait avec elle. Ils ont voyagé dans les airs, suivis des cris de l’admiration, de la reconnoissance & des allarmes d’un peuple qui ne vouloit pas acheter un nouvel empire aux dépens de ces hommes généreux. La commotion qu’un tel spectacle a laissée dans les esprits durera long-tems ; & si par ses découvertes la Physique poursuit ainsi l’imagination dans ses derniers retranchemens, il faudra bien qu’elle abandonne ce merveilleux, ce monde idéal d’où elle se plaisoit à charmer & à tromper les hommes : il ne res-