Page:Rivard - Monseigneur de Laval, 1891.djvu/6

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 4 —

Fronde, voyait monter vers sa majesté naissante les enivrantes vapeurs de l’encens.

Malgré sa jeunesse, Louis XIV savait déjà ce que pèse un sceptre et ce que vaut une couronne. Dans le commencement de son règne, il comprit ce que plus tard, dans un moment de vertige, il devait oublier ; il comprit que la mission des rois de France était de naître, de vivre, de gouverner, et de mourir en catholiques, que sa patrie devait rester la fille aînée de l’Église, et lui, garder son titre de roi très chrétien.

Aussi, perçant de son regard d’aigle le nuage d’encens dont l’entouraient des courtisans adulateurs, il prenait un soin particulier de l’église qui, sur le sol sauvage de l’Amérique septentrionale, prenait racine à l’ombre du drapeau blanc fleurdelisé. Les secours qu’il y envoyait avaient autant pour but la conversion des indigènes à la foi catholique que l’établissement d’une colonie avantageuse.

Heureux temps, messieurs, heureux temps disparu où le sceptre des souverains portait une croix, où le roi de notre mère-patrie recommandait dans une même lettre au gouverneur de sa colonie les intérêts civils et le salut des âmes ! Heureux temps où, dans l’esprit de la France, découvrir c’était faire des chrétiens, conquérir c’était évangéliser !