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tortures, comme les Brébœuf et les Lallemand ; mais, Dieu lui refusant cette grâce, il s’en consola en ajoutant chaque jour à ses croix, jusqu’à ce que la rigueur de sa vie lui eût fait contracter cette maladie qui le mena à travers les plus atroces souffrances sous le marbre de son sépulcre.

Il imita donc jusque dans l’austérité de leurs mortifications la vie des grands missionnaires. Car tous avant de porter la couronne céleste ont porté la couronne d’épines ; leur palme a été trempée dans le sang ou dans les larmes ; et leur robe nuptiale recouvre maintenant les blessures du cilice.


Le monde s’était présenté à Mgr de Laval et lui avait offert l’exaltation de ses triomphes, l’éblouissement de ses gloires, et les faveurs du dieu de l’or. Mais le missionnaire évêque avait passé les yeux fixés sur les hauteurs ; et sa voix avait semblé dire : Excelsior ! plus haut !… Les pieds de l’idole sont d’argile, l’avalanche qui croule la renversera et la couvrira de ses décombres comme d’un linceul ; mais du milieu des ruines, la croix restera debout et ne fléchira pas… Plus haut ! excelsior !

Le monde était revenu avec la douceur de ses amitiés, l’attachement au sol natal, et l’enivrement de ses amours. Mais le grand homme avait passé, les pieds sur la terre et le cœur