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MORCEAUX CHOISIS

Le chêne et le bouleau, qui sont ici les maîtres,
Dérobent le soleil aux ramilles des hêtres
Et prennent aux gazons l’air pur et la clarté.

Est-ce donc là la loi sur la terre où nous sommes !
Forêt, cité des loups, — cités, forêts des hommes,
Qu’avez-vous, dites-moi, fait de la Charité !

André Van Hasselt.


LA FILLE DE JAÏRE


Elle était morte, hélas ! la brune jeune fille,
Malgré son cœur si pur, malgré son front si beau,
Comme une étoile meurt dès que le matin brille ;
Et de vieux fossoyeurs préparaient son tombeau.

Et sa mère pleurait et priait à sa couche,
Auprès de ce beau corps à cette heure si froid ;
L’âme en derniers soupirs s’échappait de sa bouche,
Comme d’un luth brisé la note qui décroît.

Un homme vint, portant au front une auréole,
Que le riche incrédule avait déjà proscrit,
Dont le pauvre écoutait la touchante parole,
Et que ceux qui l’aimaient appelaient Jésus-Christ…

Et le père priait et pleurait à sa porte ;
Et Jésus qui passait, le bénit de la main ;
Et le père lui dit : « Seigneur, ma fille est morte,
Morte ! et si vous vouliez, elle vivrait demain.

« Vous pouvez faire encor que sa bouche sourie,
Rouvrir ses yeux au jour et son âme au bonheur ;
Entrez, et je ferai, divin Fils de Marie,
Du marbre de sa tombe un autel au Seigneur. »