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MANUEL DE LA PAROLE

VARIATIONS SUR UN THÈME CONNU


À travers champs, certain gendarme,
Vers le soir, entre chien et loup,
Grave et prudent, en bon gendarme,
Marchait, marchait… à pas de loup.
Lorsque ses bottes de gendarme
Entrèrent dans un piège à loup.
Clac ! Voilà l’honnête gendarme
Pris par les pattes comme un loup !
Et jugez du trac du gendarme,
Se trouvant vis-à-vis d’un loup
Pincé juste avant lui, gendarme !
« Je suis à la gueule du loup ;
Je suis flambé, » dit le gendarme,
Hérissant sa tête de loup,
« C’est en vain que je me gendarme ! »

Or, il faut croire que le loup,
Interdit, craignait le gendarme ;
Car, sauf les regards de ce loup
Plus luisants que ceux du gendarme,
Luisants comme à travers un loup
De velours noir, loup et gendarme
Restaient tous deux, gendarme et loup,
Au port d’arme, ainsi que gendarme ;
Et, même, il semblait que le loup
Eût plus d’effroi que le gendarme.
« Dame ! en hurlant avec le loup,
On s’entend, » pensait le gendarme ;
Tandis que c’était, pour le loup,
Bête nouvelle qu’un gendarme…
« C’est peut-être plus fort qu’un loup ? »
Il n’était donc pour le gendarme
Nul danger de la dent du loup.